LES MISSIONS SUR MARS
Cet été, quatre missions seront lancées à destination de Mars, dont celles de la Nasa et de l’Agence spatiale européenne en coopération avec Roscosmos. Elles déposeront chacune un rover sur la Planète rouge dans l’espoir de trouver des traces de vie éteinte voire en activité. Nos explications avec celles de Philippe Labrot, spécialiste de la planète Mars à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP).
Aujourd’hui, il ne fait plus de doute que Mars a été habitable dans un lointain passé, qui se mesure en milliards d’années. Mais, les scientifiques ont bien du mal à préciser à quelle époque et pendant combien de temps. Cela dit, si l’on se fie aux données les plus récentes, on estime que dans le passé les conditions environnementales martiennes ont été favorables à l’apparition de la vie mais n’auraient duré, au maximum, que 700 millions d’années. Compte tenu de ce laps de temps très court et en tenant compte des hypothèses qui font consensus, si une forme de vie est apparue sur Mars, même en supposant qu’elle soit apparue très rapidement après la formation de Mars, le temps nécessaire à son évolution fut trop court.
À cela s’ajoute le fait que seulement certains endroits étaient habitables, dispersés dans le temps et l’espace, qui n’étaient pas liés les uns aux autres. C’est-à-dire que la présence d’eau à l’état liquide était tout de même très aléatoire lors des 500 premiers millions d’années de l’histoire de la planète. Dit autrement, même si Mars présente des caractéristiques lui conférant une habitabilité dans son passé, il n’est pas pour autant certain que la vie ait pu y émerger. Et si elle s’y était développée, elle serait probablement restée à un stade très primitif. Il faut aussi savoir que la recherche de la vie sur Mars va se concentrer sur des organismes primitifs anaérobies qui ne peuvent pas supporter l’oxygène, car c’est la situation sur Mars aujourd’hui et celle d’il y a quelque quatre milliards d’années, à l’époque où l’on suppose que la planète était habitable.
Comparaison des atmosphères de Mars et de la Terre. © ESA
Cela dit, après que Curiosity a découvert du méthane et quelques molécules organiques, on ne peut « toujours pas affirmer qu’il y a ou qu’il y a eu de la vie sur Mars ! », nous explique Philippe Labrot spécialiste de la planète Mars à l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP). Si de la vie s’est formée, on n’imagine pas qu’elle ait pu se complexifier comme sur Terre, sachant que sur Terre cela a pris des milliards d’années. Donc, seule une « forme de vie primitive de type bactérien a pu perdurer un temps sur la Planète rouge ». D’ailleurs, les molécules découvertes par Curiosity ne « sont pas si complexes que cela, au regard des macromolécules qui constituent le vivant sur Terre ».
Et puis, les conditions environnementales à l’époque de l’habitabilité supposée de la planète étaient tout de même assez extrêmes. Très peu de temps après la formation de Mars, il y a 3,9 à 3,8 milliards d’années, la planète a perdu son champ magnétique, et climat et environnement ont subi une forte dégradation avec des conséquences néfastes pour l’évolution de la vie martienne. L’environnement est devenu plus acide, plus froid et sec, rendant la surface de la planète invivable en empêchant toute activité biologique.
En juillet 2020, quatre missions seront lancées à destination de Mars, dont celles de la Nasa et de l’ESA qui utiliseront chacune un rover pour chercher des indices de vie éteinte ou en activité sur Mars. Les deux autres missions sont une mission de démonstration technologique des Émirats arabes unis, avec Hope Mars Mission, qui a pour but d’étudier l’atmosphère et le climat au sol avec deux spectromètres et la Chinoise Huoxing-1 (HX-1), constituée d’un orbiteur et d’un rover qui a notamment pour objectif de préparer un retour d’échantillons martiens.
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Le rover Mars 2020 s’appelle désormais « Perseverance ». © Nasa, JPL-Caltech
Le pari des terrains anciens
Avec Mars 2020 nommé aujourd’hui « Perseverance » et Rosalind Franklin (ExoMars 2020), les scientifiques veulent détecter d’éventuelles traces de vie éteinte ou actuelle à la surface mais aussi, avec Rosalind Franklin, sous la surface martienne. Ces deux rovers ont pour objectif la recherche de « matière organique et des molécules prébiotiques », c’est-à-dire des molécules organiques qui sont de potentielles traces de vie dont des stromatolithes, « seules traces de vie visibles à l’œil nu, toutes les autres (microfossiles, biosignatures chimiques et isotopiques, etc.) sont invisibles et doivent faire l’objet d’analyses spécifiques ». Le but est aussi de déterminer si les éléments chimiques et d’environnement qui font que la vie a pu démarrer sur Mars sont présents.